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HISTOIRE DU CANADA

à lord Aylmer. Mais le ministère ayant été changé sur ces entrefaites, le choix des nouveaux ministres tomba sur lord Gosford, qui avait acquis quelque réputation en Irlande, sa patrie, par son opposition aux orangistes. L’on vantait sa fermeté et la libéralité de ses principes ; mais on lui adjoignait deux personnages à peu près inconnus, sir Charles Gray, tory de la vieille école, et sir James Gipps. Le correspondant de Londres du Vindicator n’attendait rien de cette commission.

L’un des agens du parti anglais, M. Walker, osa chercher à gagner O’Connell à sa cause. « Comment, vous désirez être représentés comme minorité, lui dit le grand orateur ; certes ce serait, selon moi, un grand grief si vous l’étiez. » Le 12 juin les affaires du Canada furent l’objet de quelques discussions dans la chambre des lords. Le langage du comte Aberdeen faisait dire au Canadien : « La base de sa politique coloniale, chose remarquable, est précisément la même que pose le peuple du pays… Si lord Aberdeen et les hommes d’état de l’Angleterre, voulaient être aussi honnêtes et sincères qu’ils sont faiseurs de belles phrases nos difficultés seraient bien vite arrangées. » Un lord déclara qu’il ne pouvait pas concevoir quel intérêt avait l’Angleterre à refuser des concessions larges et libérales. On ne devait pas traiter les assemblées coloniales comme des enfans ni les assujettir entièrement aux ordres de l’Angleterre ; on devait les laisser jouir de la plus entière liberté compatible avec le maintien de la souveraineté métropolitaine. Une commission lui semblait non seulement inutile, mais pire qu’inutile ; on devait envoyer un commissaire prêt à agir. Le gouvernement pouvait et devait décider sur le champ toutes les questions importantes. Il y avait peu de sujets sur lesquels on avait besoin d’information.

Lord Glenelg répliqua qu’il s’était cru obligé avec ses collègues de changer les instructions de ses prédécesseurs, et d’envoyer plusieurs commissaires pour faire une enquête sur les lieux.

Les nouvelles instructions que lord Aberdeen qualifiait d’inutiles, mettaient la majorité et la minorité du Canada en face, déclaraient d’avance que le conseil législatif ne pouvait être changé, et ordonnaient à la commission d’opposer un refus formel à la proposition de l’assemblée de renvoyer cette question à des conventions du peuple. Quant aux subsides, les revenus de la