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HISTOIRE DU CANADA

économiques partout dans les villes et dans les campagnes. La Minerve et le Vindicator s’insurgèrent. « Pense-t-on, disait la première, qu’il nous faille succomber sous le poids de cette force, courber honteusement la tête sous le joug ? Non, notre position comme peuple n’est que plus avancée, puisque les mesures de la métropole doivent contribuer à faire poursuivre avec plus d’activité que jamais cette lutte dont l’issue sera le succès des principes américains… Des protestations nouvelles, énergiques et telles qu’on ne puisse les méprendre, nous paraissent nécessaires et urgentes. La force d’inertie pour refuser toute coopération à un gouvernement qui ne veut pas respecter les principes constitutionnels et les droits inhérens d’un peuple, mais qui au contraire les rejette et les foule aux pieds ; les nombreux moyens qui sont à la disposition de nos compatriotes pour tarir la source des revenus qu’on approprie sans le contrôle de la représentation du pays, ne peuvent nous être ôtés moins par une loi du parlement impérial, et sont quelques unes des armes puissantes que les Canadiens ont en leurs mains et dont ils sauront se servir pour assurer leurs droits, ceux de leurs descendans et des autres colons dans quelque partie du globe qu’ils habitent. »

« Un parlement étranger, s’écriait à son tour le Vindicator, dans lequel le peuple de cette province n’est pas, ne peut-être représenté, est décidé à disposer de nos deniers sans le consentement et contre la volonté de ceux qui en ont l’appropriation de droit ; il a résolu de faire de cette province une autre Irlande. »

« Qu’allons nous faire, disait à Québec le Canadien, qui soutenait la minorité de la chambre avec le Populaire, nouveau journal établi à Montréal et rédigé par un français arrivé à point dans le pays pour soutenir le gouvernement. Allons-nous avec les débris du naufrage, essayer de nous remettre en mer et poursuivre notre route ; ou bien allons-nous renoncer à notre destination en appelant la providence à notre aide, allons-nous rassembler un reste de vigueur pour tenter les hasards d’une nouvelle destinée ?… Nous ne conseillons pas de prendre ce dernier parti. Il sera encore temps d’en venir aux extrêmes lorsque nous aurons épuisé tous nos moyens de salut. Un peuple faible peut se résigner à un sort malheureux sans déshonneur ; il y a une soumission honorable comme il y a une domination