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HISTOIRE DU CANADA

déshonorante. » Quant aux journaux de l’oligarchie, la persistance de l’assemblée dans le programme des 92 résolutions, leur fournissait un prétexte d’exprimer sans réserve toute leur pensée ; l’asservissement complet des Canadiens pouvait seul les satisfaire et les deux Canadas devaient être réunis si cela était nécessaire pour noyer une bonne fois ce peuple français et catholique dans une majorité anglaise et protestante.

Les partisans de M. Papineau ne se découragèrent pas devant l’attitude hostile du parlement impérial et de l’Angleterre. Les assemblées publiques continuaient dans les campagnes. Celle du comté de Richelieu recommanda la réunion d’une convention générale. Les Irlandais de Québec s’assemblèrent le 15 mai, pour se déclarer en faveur de la cause canadienne et approuver ce qu’avait dit O’Connell de ses compatriotes qui s’étaient ligués avec le parti anglais ; c’est-à-dire qu’ils voulaient renouveler en Canada les malheurs de l’Irlande. Mais ces démonstrations ne pouvaient produire rien par elles-mêmes sur la volonté de l’Angleterre, et il y avait à craindre qu’une fois l’élan donné à l’agitation, on ne put l’arrêter lorsqu’il serait à propos de le faire. Les esprits s’échauffaient de plus en plus ; si le Populaire paraissait à Montréal pour les calmer, le Libéral naissait à Québec pour les exciter aux mesures extrêmes. Il s’opérait un changement singulier chez plusieurs individus. Des torys devenaient tout à coup des hommes du parti le plus avancé comme si l’attente des troubles eut excité leur ambition, et s’ils n’avaient vu de chance de la satisfaire que dans le parti qui menaçait le pays d’une révolution, tandis que de chauds partisans de la chambre ne voyant pas d’issue se rapprochaient des hommes modérés.

L’agitation qui commençait à devenir sérieuse dans beaucoup de comtés, finit par inquiéter le gouvernement, qui publia une proclamation dans le mois de juin, qu’on fit lire à la tête des milices, afin de mettre le peuple en garde contre les écrits et les discours propres à le séduire. Sans se laisser intimider par cet avertissement, M. Papineau entraîné par ses partisans descendit jusqu’à Kamouraska, accompagné de MM. Girouard, LaFontaine, Morin, et faisant des discours à l’Islet et à St.-Thomas où le Dr. Taché, partisan zélé, avait monté quelques têtes. À Missiskoui, à l’Assomption, à Lachenaie, à Deschambault, à