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HISTOIRE DU CANADA

distillerie défendue par une quinzaine de Canadiens, qui l’incommodaient beaucoup tout en protégeant les insurgés ; mais après des efforts inutiles, l’attaque dut être abandonnée. Le capitaine Markham y fut grièvement blessé.

Vers 2 heures, les insurgés reçurent un secours qui porta le nombre des fusils à 200 environ. Alors ils résolurent sur quelques points de prendre l’offensive, et ils réussirent à déloger et à mettre en fuite un corps de troupes qui s’était embusqué derrière une grange. Enfin après six heures de combat, les troupes furent partout obligées d’abandonner la victoire aux rebelles, qui les poursuivirent quelque temps, s’emparèrent de leur canon, de quelques blessés et d’une partie de leurs voitures et de leurs munitions.

M. Ovide Perrault, membre de la chambre, fut mortellement blessé par un boulet de canon, dans le moment même qu’un autre renversait cinq hommes et jetait quelque confusion dans les rangs des Canadiens.

En même temps que ce combat avait lieu, un autre corps de troupes fort de 330 hommes, 2 pièces de canon et quelques cavaliers, commandé par le colonel Wetherall, venant de Chambly, et qui devait opérer sa jonction avec celui du colonel Gore, pour attaquer réunis les insurgés à St.-Charles, où on les disait en force et retranchés, s’avançait lentement parce que les ponts sur les rivières avaient été coupés. Quoiqu’il n’eût pas trouvé le colonel Gore au lieu indiqué, il continua sa route recevant quelques coups de fusils sur plusieurs points en arrivant à St.-Charles ; il atteignit les retranchemens des insurgés, le 25 novembre. Ces retranchemens formés d’arbres renversés, recouverts en terre appuyés sur la maison de M. Debartzch, qu’on avait crénelée et percée de meurtrières, formaient un parallélogramme entre la rivière et le pied d’une petite colline qui le dominait par derrière. Il était défendu par plusieurs centaines d’hommes, la plupart toujours sans armes, commandés par M. T. S. Brown, qui prit la fuite avant l’attaque. Les insurgés avaient pour toute artillerie deux pièces de canon dont ils tirèrent un coup ou deux. Le colonel Wetherall prit possession de la colline, plaça son artillerie dans les positions les plus favorables, et enveloppa le camp de ses troupes, de manière à ne laisser aucune