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HISTOIRE DU CANADA

à tout instant pour Montréal ou pour les paroisses voisines. Le bruit s’était répandu plusieurs fois que les troupes paraissaient, et ceux qui étaient bien informés savaient que les insurgés n’étaient pas assez nombreux pour résister aux forces qu’ils allaient avoir sur les bras.

En effet sir John Colborne arrivait avec deux mille hommes, huit pièces de canon et une pièce à rockets. À l’aspect de cette colonne d’autant plus imposante qu’elle couvrait avec ses bagages plus de deux milles de chemin, le plus grand nombre de ceux qui composaient l’attroupement alors réuni et qui pouvait s’élever à 5 ou 600 hommes, voyant qu’ils s’étaient trompés, s’esquivèrent et laissèrent Chénier avec environ 200 à 250 hommes seulement, qui se placèrent dans l’église, dans le couvent, dans le presbytère et dans les maisons voisines. Plusieurs n’avaient pas d’armes, ce dont ils se plaignirent à leur chef, qui leur répondit froidement : « Soyez tranquilles, il y en aura de tué et vous prendrez leurs fusils. »

Les troupes cernèrent complètement le village en arrivant, et leur artillerie ouvrit son feu. Les insurgés y répondirent bravement tant qu’ils eurent des munitions, et obligèrent même une batterie à reculer. Après une canonnade de deux heures, les volontaires du capitaine Leclerc, le 32e régiment et les royaux s’approchèrent et ouvrirent un feu terrible, qui durait depuis quelque temps lorsque l’ordre vint de donner l’assaut. L’incendie se déclarait dans le même temps dans les édifices occupés par les rebelles. La fusillade et les flammes les obligèrent de tout abandonner, excepté l’église qui fut bientôt cernée à son tour par les troupes et par l’incendie qui approchait. Chénier voulut en vain s’y défendre encore, les flammes marchant comme un torrent, l’obligèrent d’en sortir. Il réunit alors quelques-uns de ses gens, sauta avec eux par les fenêtres et chercha à se faire jour au milieu des assaillans ; mais atteint par une balle dans le cimetière, il tomba et expira presqu’immédiatement. Ce ne fut plus alors qu’une scène de carnage. On ne fit de quartier à personne, et le reste du village fut abandonné au pillage et aux flammes.

Lorsqu’on les enterra, on trouva sur plusieurs des tués des balles de pierre dont ils se servaient pour tirer en guise de balles de