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HISTOIRE DU CANADA

fit un discours de quatre heures, devant celle des communes, Mais son influence y était alors en baisse ; et d’ailleurs sa conduite n’était pas toujours prudente. Ainsi il avait assisté à une assemblée tenue à Londres, sous la présidence de M. Hume, après avoir déclaré que la possession du Canada n’était d’aucun avantage pour l’Angleterre, attendu qu’elle donnait un prétexte pour maintenir le monopole commercial, on invitait le peuple à rassembler dans tout le royaume, pour pétitionner le parlement et engager les ministres à renoncer à leurs mesures contre cette colonie. Agiter une pareille question pour un pareil motif à l’époque d’un mouvement insurrectionnel, c’était paraître l’encourager et augmenter les soupçons contre les Canadiens. Néanmoins lord Brougham, lord Glenelg, le duc de Wellington dans la chambre des lords ; lord John Russell, M. Warburton, M. Hume, M. Leader, M. Stanley, dans celle des communes, blâmèrent la conduite des ministres et leur attribuèrent les événemens qui étaient arrivés. Lord Brougham surtout fit un long et magnifique discours, dans lequel il recommanda la clémence envers les insurgés, et justifia le droit de révolte ; « Lorsqu’on blâme les Canadiens avec tant de véhémence, dit-il, qui leur a appris à se révolter, je le demande ? Où, dans quel pays, de quel peuple ont-ils pris la leçon ? Vous vous récriez contre leur révolte, quoique vous ayez pris leur argent contre leur consentement, et anéanti les droits que vous vous faisiez un mérite de leur avoir accordés. Vous énumérez leurs autres avantages ; ils ne payent pas de taxes ; ils reçoivent des secours considérables de ce pays ; ils jouissent de précieux avantages commerciaux que nous payons cher, et vous dites : toute la dispute vient de ce que nous avons pris vingt mille louis sans le consentement de leurs représentans ! Vingt mille louis sans leur consentement ! Certes, ce fut pour vingt shillings qu’Hempden résista, et acquis par sa résistance, un nom immortel, pour lequel les Plantagenets et les Guelfes auraient donné tout le sang qui coulait dans leurs veines ! Si résister à l’oppression, si s’élever contre un pouvoir usurpé et défendre ses libertés attaquées, est un crime, qui sont les plus grands criminels ? Qui sont-ils, si ce n’est nous-même peuple anglais ? C’est nous qui avons donné l’exemple à nos frères