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HISTOIRE DU CANADA

gleterre parceque leur alliance avec elle leur est plus nécessaire à eux qu’à nous ; que si c’est pour leurs lois et leurs usages particuliers qu’ils combattent, entourés qu’ils sont par une population de race différente, si la protection de l’Angleterre leur était retirée, ils auraient à subir un changement beaucoup plus violent, beaucoup plus subit, beaucoup plus général que celui qui aura lieu probablement. »

Il croyait que le nombre de ceux qui voulaient l’indépendance était peu considérable ; que l’on avait été conduit pas à pas là où l’on en était, chacun espérant amener ses adversaires à ce qu’il voulait. Il ne désespérait point de satisfaire les deux partis ; mais le système responsable était inconciliable avec les rapports qui devaient subsister entre une colonie et une métropole. Lord Howick répéta la même opinion et, comme tous les autres, évita avec soin de parler de l’union des deux Canadas.

Dans tous les débats qui eurent lieu, on observa la même réserve ; on ne voulut rien dire de ce que l’on avait intention de faire ; on se renfermait dans des termes généraux. Sir W. Molesworth désapprouvait la suspension de la constitution ; mais approuvait le choix de lord Durham. « Si la violation partielle de la constitution, ajoutait M. Grote, a déterminé les Canadiens à s’armer pour la défense de leurs droits, si lord Gosford a provoqué une révolte en adoptant quelques résolutions, quelle ne devrait pas être la conséquence d’une mesure qui suspendra la constitution et confisquera les libertés populaires ? » M. Warburton se déclarait pour l’émancipation. « L’Angleterre a aidé, disait-il, à préparer la liberté en Grèce, en Pologne, dans l’Amérique du sud, en Hanovre, pourquoi vouloir exclure de ce bienfait le peuple canadien ? »

Ces idées avancées ne faisaient pas sortir les ministres de leur silence. M. Ellice, qui n’était pas toujours dans leur secret, quoique leur ami, et qui n’avait pas, comme on sait, leur finesse, approuvait le choix de lord Durham, tout en recommandant de gouverner le Canada comme l’Irlande.

Les lords Brougham, Ellenborough et Mansfield protestèrent contre la suspension de la constitution, parce qu’elle était devenue inutile depuis la suppression de la révolte. Lord Ellenborough leur reprocha de vouloir unir les deux Canadas, et que c’était