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HISTOIRE DU CANADA.

législatives, des décrets d’une utilité pratique. Tels furent l’établissement pour la première fois dans les prisons de ce pays, des salles de correction ou de travail forcé, institution favorable à la régénération du condamné, et le réglement des poids et mesures, objet qui devenait de plus en plus nécessaire par l’accroissement du commerce.

Pendant ce temps-là, le revenu public augmentait toujours avec les anciens impôts. De 14,000 louis qu’il était en 97, il monta en 1801 à 27,000 louis. Mais les dépenses du gouvernement civil qui étaient encore de 25 ou 26 mille louis en 99, furent portées tout à coup l’année suivante à 36,000 louis sans que l’on eût même demandé la sanction de la colonie pour cet accroissement fait par ordre du ministre, le duc de Portland.

Cette usurpation de pouvoir ne put troubler le calme du peuple ; mais les esprits commençaient à s’agiter même là où la concorde n’avait jamais cessé de régner, entre le gouverneur et son conseil.

Il paraît que le bureau chargé de la régie des terres, composé d’une section de ce conseil, se rendait coupable d’abus et de prévarications dont le public ne connaissait pas encore toute l’étendue. Le juge en chef Osgoode en était le président. Les membres sous divers prétextes et sous des noms empruntés, s’étaient fait accorder à eux-mêmes, ou avaient fait accorder à leurs amis de vastes étendues de terres en diverses parties du pays. Dans tous les temps les plus grands abus s’étaient commis dans ce département, et l’on avait vu des membres de l’ancien conseil législatif s’entendre avec des officiers publics à Londres, qui avaient l’entrée des bureaux du ministère, pour s’en faire accorder sur le lac S.-François, sur le chemin postal ouvert entre Québec et Halifax et dans tous les endroits où ils pouvaient en avoir.[1] Ces abus allaient toujours en augmentant. Ceux qui en profitaient, mettaient en même temps tous les obstacles possibles à ce qu’on en accordât aux Canadiens sous le prétexte qu’ils allaient y porter leur langue leurs usages et leur religion ; ce qui était alors un motif suffisant d’exclusion, sinon ouvertement avoué du moins tacitement reconnu ; mais dans la conviction secrète qu’en les conservant, ils obtiendraient plus tard des prix plus élevés. Ces terres avaient

  1. Correspondance manuscrite du conseiller Finlay, etc.