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HISTOIRE DU CANADA

Benoît, un Suisse, qui agissaient comme chefs. Les troubles, comme je l’ai déjà dit, éclatèrent dans une partie seulement du district de Montréal. Dans le reste de ce district, dans les quatre autres districts du Bas-Canada, Gaspé, St.-François, Québec et les Trois-Rivières, tout demeura tranquille, et les autorités civiles y conservèrent toute leur force. Les troubles furent complètement supprimés dans l’espace de trois semaines ; il me fut envoyé des adresses de toutes parts pour réprouver la conduite et la violence de quelques hommes égarés, poussés par des gens mal intentionnés et désespérés, et pour me déclarer leur détermination d’appuyer le gouvernement. La paix et la tranquilité étaient rétablies dans toute la province du Bas-Canada avant mon départ. Mais cela ne faisait pas le compte du parti qui voulait écraser la population française.

« Convaincu de l’exactitude de ce que je dis, je ne puis m’empêcher de regarder l’union des deux provinces que comme un acte des plus injustes et des plus tyranniques, proposé pour priver la province inférieure de sa constitution, sous prétexte d’actes de quelques hommes mal intentionnés, et la livrer, en noyant la population française, à ceux qui, sans cause, lui ont montré tant de haine ; car ce bill doit la noyer. Vous donnez à 3 ou 400,000 habitans la même représentation qu’au Bas-Canada, qui a une population d’au moins 700,000 ; et ensuite vous imposez la dette de la province supérieure, qui est, dit-on, d’un million, à une province qui n’a presque aucune dette. Peut-il y avoir rien de plus arbitraire et de plus déraisonnable ? En vérité, la légalité d’un tel procédé peut être mise en question ; car, j’apprends qu’aucune partie de la dette contractée par la province supérieure n’a été sanctionnée par le gouvernement de ce pays, je dois déclarer de nouveau que ma conviction est que tout cela vient d’une intrigue mercantile.[1] Je dis que la population française désire vivre sous la protection et dans l’alliance anglaise, et que la très grande majorité des habitans des deux Canadas est opposée à l’union… Je ne puis donc consentir à une mesure fondée, comme je le crois consciencieusement, sur de fausses informations et sur l’injustice. Tant que je vivrai, j’espère que je ne donnerai jamais ma sanction à

  1. De la maison Baring, à laquelle était dûe une grande partie de cette dette.