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HISTOIRE DU CANADA

de l’administration du diocèse pendant la vacance du siège épiscopal, s’était considéré comme revenu aux temps qui avaient précédé les concordats, et où l’évêque était élu par le clergé de son église et confirmé par le métropolitain ou par le pape sous le bon plaisir du souverain. Par un acte capitulaire de 1764 M. Briand, membre du chapitre et l’un des vicaires généraux, avait été élu évêque de Québec. Malgré les recommandations du gouverneur Murray, le ministère anglais n’avait point voulu approuver sa nomination, mais l’avait informé qu’il ne serait point troublé. La cour de Rome lui avait accordé des bulles et il avait été consacré à Paris en 66. Revenu en Canada, il avait exercé ses fonctions sans trouble après avoir prêté serment d’allégeance.

Le chapitre de la cathédrale réduit à un petit nombre de membres, n’ayant plus de revenus suffisans pour subsister, s’était éteint insensiblement. Sa dernière assemblée capitulaire était du 10 septembre 1773 ; le dernier chanoine était mort en 1796.

Du consentement de la cour de Rome et de sir Guy Carleton, un coadjuteur avait été nommé en 72 à l’évêque, qui en avait toujours eu un depuis pour le remplacer après sa mort ou sa résignation. M. Plessis faisait ensuite observer à sir George Prevost que les évêques avaient fait et faisaient encore profession de la loyauté la plus scrupuleuse envers le gouvernement, et avaient cherché en toute occasion à la graver profondément dans l’esprit du clergé et du peuple confié à leurs soins.

Comme l’on savait très bien, qu’ils ne prétendaient exercer d’autorité qu’au spirituel et seulement sur les sujets catholiques de leur diocèse, on ne leur avait contesté ni leur juridiction, ni leur titre d’évêque jusqu’à ces dernières années, où des esprits jaloux se couvrant du spécieux prétexte du zèle pour les intérêts et les prérogatives de la couronne, avaient commencé à élever des doutes sur l’exercice d’une autorité toute canonique et inoffensive de sa nature.

Au mois d’avril 1806, un officier de la couronne avait filé dans une des cours, une requête tendante à troubler cette jouissance, à mettre en force certains statuts impériaux, fruits malheureux des animosités religieuses du 16e siècle, à anéantir l’autorité et le titre de l’évêque catholique, à faire déclarer nulle la seule ordon-