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HISTOIRE DU CANADA

anglais. Sir James Craig donna ses instructions à Henry, en lui recommandant de tâcher d’obtenir les renseignemens les plus exacts sur la disposition des esprits dans le Massachusetts, l’état qui exerçait alors la plus grande influence dans l’est ; de s’insinuer dans l’intimité de quelques chefs de parti et de leur donner à entendre, mais avec une grande réserve, que s’ils voulaient se mettre en rapport avec le gouvernement anglais, par le canal du gouverneur canadien, il était autorisé à être leur intermédiaire et à leur montrer s’ils l’exigeaient ses lettres de créance. Henry était chargé d’écrire souvent à Québec, mais pour ne pas exciter de soupçon, d’adresser ses lettres au juge Sewell, à un autre Monsieur qui lui était désigné, et quelquefois à M. Ryland lui-même, mais fort rarement.

L’on pensait alors que les conséquences des lois d’embargo passées par le congrès, ruineuses pour les états de l’est, pourraient amener leur séparation du reste de la confédération. Henry rendu à son poste écrivit une foule de lettres jusqu’à son retour à Montréal dans le cours de la même année. Aucun effet ne parut résulter de sa mission. Lorsqu’il demanda le prix de son salaire, on ne se montra pas empressé d’y répondre comme il le désirait. On ne voulut lui donner ni une place de juge-avocat, ni un consulat. En 1811 il s’adressa à lord Liverpool, qui lui fit répondre par son secrétaire, que sir James Craig ne s’était pas engagé à lui faire avoir sa récompense en Angleterre. Se voyant rebuté dans la colonie et dans la métropole, il alla tout déclarer au pays qu’il avait voulu trahir.

Cette affaire, dont le gouvernement américain fit grand bruit pour exciter le peuple à la guerre, est une nouvelle preuve ajoutée à toutes les autres, de l’inconsidération de conduite de sir James Craig, et du peu de jugement dans le choix de ses instrumens.

Le plan d’opérations militaires adopté pour le Canada fut parfaitement défensif. L’Angleterre était trop engagée en Europe pour songer à porter de grands coups en Amérique ; et d’ailleurs elle présumait avec raison que les entreprises des États-Unis dépendraient des vicissitudes de la guerre au delà des mers. Napoléon s’était jeté sur la Russie ; du succès de cette gigantesque entreprise à 800 lieues de sa capitale, allait dépendre le plus ou le