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HISTOIRE DU CANADA

l’offensive. Laissant quelques hommes pour couvrir Queenston, il fit un détour pour gravir les hauteurs voisines et attaquer les Américains par derrière. Les Indiens plus alertes en vinrent aux mains les premiers, mais ils furent repoussés jusqu’à ce que le corps principal arrivant, les Américains assaillis à leur tour avec vigueur, lâchèrent le pied et se mirent à fuir dans toutes les directions, les uns cherchant à se cacher dans les broussailles et les autres dans leur frayeur se précipitant en bas de la falaise dans le fleuve. Les Indiens ralliés aux troupes en massacrèrent un grand nombre. Les autres voyant tout perdu et leur retraite coupée, posèrent les armes au nombre de 1000 hommes, sur les douze ou quinze cents qui avaient traversé en Canada. Il paraît qu’après le combat du matin, le général Van Rensalaer était repassé à Lewiston pour accélérer le passage du fleuve par la seconde division de son armée, et que ses soldats avaient refusé de marcher malgré les prières et les menaces ; que dans son embarras, il avait écrit au général Wadsworth, resté à Queenston, ce qui se passait, et lui avait laissé le choix de l’offensive ou de la retraite, l’informant qu’il lui enverrait tous les bateaux dont il pourrait disposer s’il se décidait pour le dernier parti. La plupart des troupes américaines composées de milices, avaient peu d’ardeur belliqueuse ; elles répondirent à Van Rensalaer qu’elles étaient prêtes à défendre leur pays s’il était attaqué, mais qu’elles avaient des scrupules à envahir le territoire anglais.

On a déjà vu qu’un grand parti dans la république était opposé à la guerre. Ses opinions fournissaient des motifs vrais ou simulés à une portion des soldats pour ne point bouger. De pareils événemens devaient rassurer le Canada, auquel les deux combats de la journée n’avaient pas coûté cent hommes, tués et blessés, preuve du peu d’ardeur de la lutte.

La mort de Brock fit passer le commandement des Anglais entre les mains du général Sheaffe, qui conclut une armistice avec le général Smith, successeur de Van Rensalaer, et qui parut vouloir montrer plus de zèle que son prédécesseur. Il invita les jeunes Américains à venir partager les périls et la gloire de la conquête qui s’offrait devant eux, et parvint à ranimer un peu l’humeur belliqueuse de ses compatriotes et à porter son armée à 5,000 hommes. Lorsqu’il fut prêt à agir, il fit dénoncer l’armis-