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Page:Garnier - Les tragedies de Robert Garnier - 1605.djvu/524

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LES IVIFVES.

Comme elles nous geʃnent ore.
Mais ʃi toʃt qu’il fut taché
De la bourbe de peché,
Dieu le banit de ʃa veuë,
Ses enfants furent maudits,
Luy chaßé de Paradis
Avec ʃa femme deceuë.
Depuis, ʃa posterité
N’a commis qu’iniquité.
Le frere meurtrit le frere :
Si bien que Dieu ʃe faʃchant
D’vn animal ʃi mechant
Reʃolut de le defaire.
Il fiʃt regorger les eaux
Des fleuues & des ruiʃʃeaux,
Il enfla la mer bruyante,
Le ciel ʃi longuement pleut,
Que toute ʃon onde cheut
Deʃʃus la terre ondoyante.
Lors cet Element moiteux
Couurit les monts raboteux
De quinze humides coudees :
Les Pins, qui croiʃʃent ʃi hauts,
Ne peurent attaindre égaux
A la hauteur des ondees.
Außi tout perit dedans,
Fors ceux qui eurent, prudens,
L’arche de Dieu pour refuge :
Mais ores, que les forfaits
Sont plus nombreux que iamais,
Ie crains vn autre deluge.