Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/114

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lui parlait, ces soubresauts d’homme agacé quand elle lui offrait ses soins, ces rebuffades quand elle s’empressait autour de lui ?

« Je sais pas qu’est-ce qu’il a depuis cinq ou six jours, dit-elle un matin à Charles : il me regarde pas plus que du lait battu. »

Charles fit un geste d’insouciance :

— Tout le monde n’est pas tous les jours de joyeuse humeur, dit-il bonnement.

— Çà est encore vrai, conclut-elle rassurée : on a tort de toujours se faire des idées, comme si on n’aurait déjà pas assez de ruses sans ça…

Cette semaine-là, Mme Fampin eut une aventure. Elle rentrait sans méfiance comme d’habitude, vers les 3 heures du matin, chez son amant le tripier, lorsqu’elle reçut de ce digne homme, brusquement exaspéré, une volée exemplaire ; un coup de poing, s’égarant dans la dégelée, porta sur l’œil ; la poche inférieure d’icelui se tuméfia instantanément, tel un pneu gonflé d’une main sûre, tandis qu’un cercle allant du violet pâle au bleu foncé entourait tout l’organe visuel.

Ainsi marquée du sceau concubinal, Mme Fampin, résignée, passa une heure devant sa glace à maquiller son œil malade. Elle crut, après un savant travail, être parvenue à réparer du poing de son amant l’irré-