Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/13

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ple : ses facultés d’« inventioneux » — comme il aime à se qualifier lui-même — ont d’ailleurs compromis son commerce et renfoncé son petit ventre plat (en sorte que, si ça devait continuer, la peau de son ventre collerait bientôt à celle de son dos) et dégarni les moustaches gauloises de ses sourcils. Il est devenu — et je m’en accuse s’il se doit — un bienheureux ivrogne de l’Imaginative. Si nous devions être désargentés quelque jour, nous connaissons déjà le vin que nous boirions de compagnie — le vin qui fait oublier et qui ne coûte rien. Mais nous trouverons bien, grâce à Daudet ou à sa descendance, un bureau de tabac, quelque part sur le Rhône… Et nous parlerons souvent de Mons, au comptoir, en débitant du Caporal.

…Adieu, Gédéon ! Vous m’avez écrit des paroles dures. Je vous les pardonne, parce que je vous aime. Épousez la femme montoise que votre cœur choisira et, quelquefois, quand, vos enfants ayant gagné leur chambre, vous serez seuls, à deux, sous la lampe amie, dans la vieille maison paternelle et que sonnera la grosse cloche du Château, donnez une pensée — sinon une larme à votre vieil ami,

Tartarin.

Nos renseignements sur Gédéon et Tartarin en étaient restés là et nous nous proposions d’aller à Mons interroger « la commune renommée », quand de nouveaux documents furent découverts dans le grenier de la maison de la rue des Blancs-Mouchons.

C’est la suite du journal de Gédéon.

Nous avons patiemment inventorié ces papiers : de pittoresques épisodes se sont ainsi dégagés qui font connaître tels traits nouveaux de l’âme montoise