Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/140

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exigences et les petits plaisirs de la vie de tous les jours et où l’on s’aperçoit que l’homme est fait pour vivre en société de ses semblables.

Depuis quelque temps, nous avons donc renoué nos relations ; le congé que j’avais demandé en qualité de commandant est expiré et c’est avec une satisfaction impossible à dire que j’ai remis mon uniforme.

J’ai reconquis Mons, pour ainsi dire, rue par rue, maison par maison, homme par homme. Un jour, ceci ; un jour, cela. J’ai invité à dîner, un par un, les membres du Cayaux-Club, avant de présider une séance. De même pour mes officiers : chacun à son tour, ils sont venus me détailler les nouvelles, me raconter les potins… Vous savez le plaisir que l’on a à entrer lentement dans un bon bain : les jambes, le ventre, la poitrine, les épaules… ; j’ai pris le même plaisir à me replonger dans la vie montoise.

Ma chère Valentine a fait comme moi ; c’est avec une gourmandise de chatte qu’elle a goûté par petits coups à la petite chronique de la ville : d’abord Tante Lalie, puis les amies et les amis de Tante Lalie, puis les femmes de mes officiers, les fournisseurs, les servantes, la table, les réceptions, les cancans, les toilettes, toute la petite gazette locale lue par alinéas…