Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/48

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Belge ne parlera comme cet homme du Midi parla ce soir-là !

À l’entendre, on aurait cru que tous les Montois étaient de sa famille, qu’il n’avait commencé à vivre que du jour de son arrivée à Mons ; il renia l’aïoli pour la tarte au fromage, la Tarasque pour le Dragon, le château du Roi René pour les restes de la Tour Auberon, les cigales pour les princheux, Mistral pour Antoine Clesse, les chasseurs de casquettes pour mes chasseurs-éclaireurs… Longuement, il parla de la « phalange invincible » que j’ai l’honneur de commander ; il félicita et salua, dans la personne du bourgmestre, l’administration de la Cité ; dans la personne du référendaire, l’administration de la Justice ; dans celle du greffier, l’administration de la Province ; dans celle de Myen Van Ollande, qu’il a toujours craint et admiré, l’amour du terroir, le culte de la race.

Puis, ayant loué en moi l’esprit militaire et m’ayant appelé l’enfant chéri de Mons et « le soldat de l’Amitié » il entreprit en quelque sorte — pourquoi ? je ne sais… peut-être un simple entraînement oratoire, peut-être parce qu’il voulait me mettre en évidence — mon oraison funèbre. Une des bonnes façons de se rendre compte de la valeur d’un vivant, dit-il, c’est de l’imaginer mort. Il