Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/68

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Monsieur Hégry pour vous désabuser. Non seulement il vous édifierait sur la propension qu’a le montois-cayaux à l’insinuation rosse, aux soupçons injustes, aux plaisanteries exemptes de justice et de charité, mais il vous parlerait de hargne et de venin. Il vous dirait qu’il ne faut pas s’approcher de trop près des pots-aux-roses du crû, que ces pots-là, malgré leur nom, sentent tout autre chose que la rose et qu’il est dangereux de les touiller, car : pu on remue du puriau et pu ça sent la pesse, comme disait P. Moutrieux.

La dernière fois que j’ai causé avec lui, il était particulièrement amer.

— Croyez bien, m’a-t-il dit, que notre paisible et confortable vie montoise est médiocre et mal faite ; le jour où on s’en apercevra, on s’étonnera de ce que ça ait pu durer si longtemps. On devrait faire réfléchir les gens en leur montrant deux panneaux, l’un ayant trait au mineur borain, l’autre au bourgeois montois, le bourgeois comme vous et moi ; c’est parce que je suis très vieux que ces idées-là me viennent.

Et lentement, s’interrompant de temps en temps pour tirer une bouffée de sa pipe, il dessina le premier panneau : exploitation du mineur borain, lequel fut longtemps si profondément misérable que son infortune atteignait au tragique ; il montra