Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/74

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Il fut de l’époque de Pierre Moutrieux, et de Polyte Laroche, l’auteur du Pauvre porion belge, dont la vieille mesquenne Mélie avait plus de 80 ans ; il la conservait « parce que c’était une pauvre orpheline », Hégry s’honore aussi d’avoir été l’ami d’Antoine Clesse, encore qu’il ne manque pas d’anecdotes malicieuses sur le compte du chansonnier-armurier. Celle-ci, notamment : Clesse venait d’être décoré de l’Ordre de Léopold, distinction infiniment plus rare et plus précieuse en ce temps-là qu’aujourd’hui. Mme Clesse se tenait presque toujours dans le magasin d’armes du coin de la rue d’Havré et de la rue des Epingliers ; quand un client se présentait, elle s’avançait au bas de l’escalier et appelait son mari : « Chevalier ! il y a quelqu’un à la boutique ! »

Devenu lent à se mouvoir à cause de ses rhumatismes, mais encore droit et l’air d’un officier de cavalerie en retraite, Urbain Hégry a gardé sa toilette d’autrefois : large panama ; en épingle de cravate, une main de corail tenant une clef d’argent ; double chaîne de montre en or avec un large médaillon en pendeloque ; cheveux blancs plats séparés par une ligne au milieu, barbiche à la Napoléon III…

Il dit volontiers, en souriant, que l’établissement