Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/77

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avec la froide résolution d’une femme qui ne veut rien changer aux coutumes consacrées d’une vie simple et digne : « Du papier !… non, Monsieur, vous n’en aurez pas : tout ça, c’est des ambitions ! »

Le docteur Deghilage narra à son tour l’histoire récente de Bouboule Petit qui fait rire toute la ville. Bouboule a vingt-cinq ans et il est bossu. Les bossus sont souvent courageux. Afin de gagner ses croûtes, Bouboule s’est mis à fabriquer des fusées et de la poudre de Bengale ; la Régence lui a confié, l’autre jour, le feu d’artifice de la Ducasse et chaque pièce fut saluée d’innombrables « Vive Bouboule ! » Depuis ce jour, Bouboule Petit est sacré entrepreneur de toutes les fêtes pyrotechniques.

Bouboule est bègue autant qu’on peut l’être ; sous le coup de l’émotion, il lui est impossible d’articuler deux mots. Or, il y a quelques jours, au moment de se mettre à table, avec son père et sa mère, dans leur maison du Petit-Marché, on l’envoya à la cave « tirer une bonne carafe de bière ». Comme il ne remontait plus, on commençait à s’inquiéter lorsque, brusquement, il reparut avec la carafe vide.

— Qu’est-ce qu’il y a, Bouboule ? Mais Bouboule ne parvenait pas à s’expliquer :