Page:Gaskell - Cousine Phillis.djvu/81

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pos, n’avez-vous pas été surpris que j’eusse à faire venir tant de bouquins ?

— Je me suis dit, du moins, que vous ne vous reposiez guère.

— Oh ! tous ces livres n’étaient pas pour moi. Il y en avait que le ministre m’avait demandés, d’autres que je destinais à… à sa fille… Je ne l’appelle point Phillis, remarquez-le bien ; mais personne au monde, à ma connaissance, ne la désigne sous le nom de miss Holman.

— J’ai bien pensé que les ouvrages italiens étaient pour elle.

— Précisément ; on ne débute pas par le poème de Dante, encore une fois. Je lui ai fait venir I promessi Sposi, un roman de Manzoni…

— Un roman ! me récriai-je. Étiez-vous certain que le ministre approuverait des lectures de ce genre ?

— Ceci est un roman tout à fait inoffensif, une œuvre chaste et de bonnes tendances… Après tout, ils lisent Virgile, et Virgile n’est pas un des livres saints. Il ne faut pas non plus se créer des monstres. Quant à messer Dante, si elle veut encore se mêler de déchiffrer ses énigmes, elle aura au moins un bon dictionnaire.

— Et… a-t-elle trouvé cette liste de mots que vous aviez traduits pour elle…

— Sans doute, sans doute ; il en est résulté même… » continua-t-il avec un sourire ; mais il n’acheva pas sa phrase, et parut garder pour lui le souvenir agréable que révélait en partie sa physionomie subitement égayée.

Nous arrivions d’ailleurs à la ferme. L’accent de Phillis me sembla un peu plus affectueux qu’à l’ordinaire, et la tante Holman se montra la bonté même. Je compris, cependant, par une sorte de pressentiment que j’avais perdu ma place et que Holdsworth l’avait prise.

Il était au courant de tous les us et coutumes domes-