Page:Gaskell - Les Amoureux de Sylvia.djvu/42

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hémorrhagie intérieure, et prétend qu’il pourrait passer d’une heure à l’autre sans crier gare.

— Ne m’assuriez-vous pas qu’il allait mieux ? reprit Sylvia que ces détails avaient fait pâlir.

— Beaucoup mieux, sans aucun doute… Mais la vie est bien chanceuse, surtout après des blessures d’arme à feu.

— Il s’est bien conduit, continua Sylvia d’un air pensif.

— On ne devait pas douter de lui… Que de fois ne l’ai-je pas entendu parler de garder son honneur intact !… Et vous voyez s’il y a manqué, l’occasion venue… »

Molly ne parlait pas sur un ton sentimental ; mais cependant l’honneur de Kinraid semblait être le sien, et ceci confirma Sylvia dans l’idée qu’elle avait déjà d’un mutuel attachement entre sa compagne et Kinraid. D’après cela, elle eut quelque lieu d’être surprise lorsque Molly reprit, sans transition :

« Et votre manteau, dites-moi, sera-ce une cape ou une pelisse ?… C’est là, je crois, ce qui était en question.

— Oh ! je ne m’en occupe guère !… Parlons encore un peu de Kinraid… Croyez-vous qu’il se rétablira ?…

— Miséricorde, comme cette enfant s’occupe de lui !… Je lui ferai savoir, ma chère, tout l’intérêt qu’il inspire aux jeunes personnes ! »

À partir de ce moment, Sylvia ne hasarda plus la moindre question sur le compte du cousin de son amie. Muette pendant un moment, elle reprit ensuite d’un ton un peu sec et avec une légère altération dans la voix :

« Je penche pour un capuchon… Et vous-même, quel est votre avis ?

— Je vous dirai cela lundi prochain, quand j’aurai vu les élégantes de Monkshavën au grand enterrement qui doit avoir lieu dimanche.