Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/169

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lui comme de coutume, il me semble qu’on doit beaucoup pardonner à un fils unique.

Le lendemain, en nous promenant dans le jardin comme nous en avions pris l’habitude, d’un consentement mutuel, ma cousine et moi, parce que nous nous levions plus tôt que le reste de la maison, nous reprîmes la même conversation.

— Jeanne, dis-je, s’il reste encore huit jours, et je crois qu’il restera, car je l’ai entendu promettre à l’évêque d’aller à cette fête d’enfants qu’il donne pour lady Émilie Gage, vous devriez tâcher de l’amuser à votre tour. Il pèse cruellement à ma pauvre mère, par moments.

— Votre pauvre chère mère ! dit-elle d’un air moitié riant, moitié vexé, sans doute en pensant à certaines choses qui me vexaient aussi parfois, mais qui étaient inévitables, et dont il valait mieux ne pas parler ; que faire, ajouta-t-elle sérieusement, d’un jeune homme de vingt-quatre ans, beau, bien élevé, qui n’est pas sans esprit, qui a été lord Erlistoun depuis son enfance et qui a beaucoup voyagé ? Il a vu la vie des cours, la vie ordinaire, on ne sait quelle vie, en Angleterre et sur le continent ; il est son maître, il a de la fortune, une mère et une sœur qu’il n’a pas l’air de détester, bien qu’il lui soit impossible peut-être de les aimer et de les montrer. Si un jeune homme