Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/42

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Mais Suzanne baissait la tête et ne répondait pas. Jusqu’alors elle ne savait pas que Guillaume pensât si sérieusement et si tendrement à elle, et elle craignait encore que les paroles de madame Leigh ne lui promissent trop de bonheur pour être vraies. Dans tous les cas, un instinct de modestie lui inspirait une grande répugnance à confesser d’aucune façon ses sentiments personnels à un tiers. Elle détourna donc la conversation et parla de l’enfant.

— Je suis sûre qu’il ne pourra pas s’empêcher d’aimer Nancy, dit-elle. Jamais il n’y a eu un petit bijou aussi gentil ; ne pensez-vous pas qu’elle lui gagnerait le cœur s’il savait que c’était sa nièce, et peut-être que cela l’amènerait à penser à sa sœur avec plus de bienveillance ?

— Je n’en sais rien, dit madame Leigh, en secouant la tête. Il a quelque chose dans les yeux comme son père, qui me… Il est excellent… Mais, voyez-vous, je n’ai jamais su m’y prendre. Un regard sévère me fait perdre la tête, et alors je dis dans mon trouble précisément ce qu’il ne faudrait pas. Je n’aimerais rien mieux que d’emmener Nancy avec moi ; mais Thomas croit sa sœur morte, et je ne sais pas parler à Guillaume comme il faut. Je n’ose pas, voilà le fait. Mais il ne faut pas avoir mauvaise idée de Guillaume. Il est si