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Comment un tel phénomène a-t-il pu se produire ? L’histoire serait impuissante à nous l’expliquer, si l’archéologie ne venait à son aide. Les documents écrits ne nous font connaître qu’une face de la conquête de l’Afrique par les Romains, les victoires remportées par les armes sur les anciens maîtres du pays. Mais ces autres victoires, moins brillantes et plus sûres, par lesquelles leurs ingénieurs ont triomphé de la nature hostile, les auteurs anciens ne s’en préoccupent guère. La conquête du sol, qui suivit celle des habitants, c’est sur le terrain même qu’il faut l’étudier ; à défaut de textes, l’étude archéologique des ruines nous apprend par quels moyens un peuple entreprenant, méthodique et tenace, établissant son pouvoir sur un pays où ses nationaux ne furent jamais qu’une petite minorité, réussit, à force de volonté et de persévérance, à le pénétrer tout entier de son influence morale et à le transformer matériellement au point de faire, de déserts qui ne pouvaient suffire à l’entretien de quelques nomades, l’une des contrées les plus riches, les plus populeuses du monde.


Ce n’est pas que les monuments archéologiques de la Tunisie doivent être tous attribués aux Romains ; beaucoup se rapportent aux civilisations antérieures à leur domination sur ce pays. Je m’abstiendrai cependant de les décrire ici en détail, et cela pour deux raisons. Ils ont, pour la plupart, été étudiés dans les chapitres de ce volume qui ont trait à la préhistoire et à Carthage ; puis, ils sont en général peu explicites, l’importance des renseignements qu’ils nous procurent n’étant guère en rapport avec leur abondance.

L’on éprouve souvent beaucoup de peine à les dater même approximativement, surtout en ce qui concerne les monuments dits préhistoriques.