Page:Gaume - L'europe en 1848, 1848.djvu/51

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l’État, il n’est pas moins fatal. Il commence par la guerre civile ; il continue par la suppression de la liberté, s’achève par la destruction de la famille et finit par la dégradation la plus monstrueuse.

En effet, dans les réunions du Luxembourg, M. Louis Blanc, interrogé sur le salaire qui, dans ce système, reviendrait à chaque travailleur, a répondu : que le salaire ne devait pas se régler sur la capacité intellectuelle de l’individu, comme le voulaient les Saints-Simoniens, attendu que l’intelligence n’étant pas le fait de l’homme, elle n’avait droit à aucune récompense ; qu’ainsi la véritable base de répartition était la capacité physique, c’est-à-dire les besoins matériels de chacun.

Voilà donc la société transformée en ménagerie ou en étable. Des physiologistes viendront calculer la propriété digestive de chaque travailleur, mesurer la largeur de son œsophage, et ils diront : à celui-ci deux fois, trois fois, quatre fois plus qu’à celui-là ; attendu, non pas qu’il a deux, trois, quatre fois plus d’intelligence et que son travail vaut deux, trois, quatre fois plus que celui de son voisin ; mais attendu que sa puissance de consommation est à celle des autres comme deux, trois, quatre sont à un. Telles sont pourtant les énormités que nous avons entendues depuis le 24 février 1848 ! Et c’est pour un semblable système qu’on a dépensé tant de discours, versé tant de sang !

Est-il besoin de dire que, dans le premier ainsi que dans le second sens, le communisme est le pillage