Page:Gautier, Loti - La Fille du Ciel (1912).djvu/114

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serre son fils contre elle-même.) Laissez-le moi encore un jour. Au moins, donnez-moi le temps de trouver de la force, pour accepter le désespoir… Je suis l’Impératrice, oui ; mais je suis aussi une mère !… À une mère, on n’enlève pas son enfant comme on arrache une fleur de sa tige… Attendez !…

PRINCE-FIDÈLE

Attendre, ô ma souveraine ! Mais votre chagrin ne serait-il pas infiniment plus affreux si un malheur arrivait par la faute d’une tendre faiblesse ? Songez au désordre d’un siège, à l’horreur et aux risques des combats ! Remercions le ciel d’avoir le temps encore d’y dérober notre jeune maître. Dès que le danger sera conjuré, il vous reviendra.

L’IMPÉRATRICE

Ah ! non, ne parlez pas de retour, pour leurrer ma détresse, comme on fait aux enfants !… Laissons l’avenir, qui est nébuleux et noir… Mais la sagesse a parlé, et ma révolte est passée, j’aurai la force de me soumettre. (À l’enfant, qu’elle tient toujours serré contre elle-même.) Mon fils ! il faut, pour quelque temps, vous éloigner