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Les murailles et le plafond étaient capitonnés de satin vert d’eau, comme l’intérieur d’un écrin. Un épais tapis de Smyrne, aux teintes moelleusement assorties, ouatait le plancher.

Au milieu de la chambre, sur un socle de velours vert, était posé un grand coffre de forme bizarre, en acier de Khorassan ciselé, niellé et ramagé d’arabesques d’une complication à faire trouver simples les ornements de la salle des Ambassadeurs à l’Alhambra. L’art oriental semblait avoir dit son dernier mot dans ce travail merveilleux, auquel les doigts de fée des Péris avaient dû prendre part. C’était dans ce coffre que la comtesse Prascovie Labinska enfermait ses parures, des joyaux dignes d’une reine, et qu’elle ne mettait que fort rarement, trouvant avec raison qu’ils ne valaient pas la place qu’ils couvraient. Elle était trop belle pour avoir besoin d’être riche : son instinct de femme le lui disait. Aussi ne leur faisait-elle voir les lumières que dans les occasions solennelles où le faste héréditaire de l’antique maison Labinski devait paraître avec toute sa splendeur. Jamais diamants ne furent moins occupés.

Près de la fenêtre, dont les amples rideaux retombaient en plis puissants, devant une toilette à la duchesse, en face d’un miroir que lui penchaient deux anges sculptés par Mlle de Fauveau avec cette élégance longue et fluette qui caractérise son talent, illuminée de la lumière