Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/122

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qui portait sur son poitrail, dans un sachet oriental de velours brodé d’or, ses titres de noblesse remontant aux premières années de l’hégire, n’avait pas besoin d’être excité. Il semblait comprendre la pensée de celui qui le montait, et dès qu’il eut quitté le pavé et pris la terre, il partit comme une flèche sans qu’Octave lui fît sentir l’éperon. Après deux heures d’une course furieuse, le cavalier et la bête rentrèrent à l’hôtel, l’un calmé, l’autre fumant et les naseaux rouges.

Le comte supposé entra chez la comtesse, qu’il trouva dans son salon, vêtue d’une robe de taffetas blanc à volants étagés jusqu’à la ceinture, un nœud de rubans au coin de l’oreille, car c’était précisément le jeudi, ― le jour où elle restait chez elle et recevait ses visites.

« Eh bien, lui dit-elle avec un gracieux sourire, car la bouderie ne pouvait rester longtemps sur ses belles lèvres, avez-vous rattrapé votre mémoire en courant dans les allées du bois ?

― Mon Dieu, non, ma chère, répondit Octave-Labinski ; mais il faut que je vous fasse une confidence.

― Ne connais-je pas d’avance toutes vos pensées ? ne sommes-nous plus transparents l’un pour l’autre ?

― Hier, je suis allé chez ce médecin dont on parle tant.

― Oui, le docteur Balthazar Cherbonneau,