Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/123

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qui a fait un long séjour aux Indes et a, dit-on, appris des brahmes une foule de secrets plus merveilleux les uns que les autres. ― Vous vouliez même m’emmener ; mais je ne suis pas curieuse, ― car je sais que vous m’aimez, et cette science me suffit.

― Il a fait devant moi des expériences si étranges, opéré de tels prodiges, que j’en ai l’esprit encore troublé. Cet homme bizarre, qui dispose d’un pouvoir irrésistible, m’a plongé dans un sommeil magnétique si profond, qu’à mon réveil je ne me suis plus trouvé les mêmes facultés : j’avais perdu la mémoire de bien des choses ; le passé flottait dans un brouillard confus : seul, mon amour pour vous était demeuré intact.

― Vous avez eu tort, Olaf, de vous soumettre à l’influence de ce docteur. Dieu, qui a créé l’âme, a le droit d’y toucher ; mais l’homme, en l’essayant, commet une action impie, dit d’un ton grave la comtesse Prascovie Labinska. ― J’espère que vous n’y retournerez plus, et que, lorsque je vous dirai quelque chose d’aimable ― en polonais, ― vous me comprendrez comme autrefois. »

Octave, pendant sa promenade à cheval, avait imaginé cette excuse de magnétisme pour pallier les bévues qu’il ne pouvait manquer d’entasser dans son existence nouvelle ; mais il n’était pas au bout de ses peines. ― Un domestique,