Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/130

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ils ne demandèrent pas si l’affaire pouvait s’arranger et gardèrent un silence de bon goût sur le motif de la querelle, en parfaits gentilshommes qu’ils étaient.

De son côté, le comte véritable, ou, si vous l’aimez mieux, le faux Octave, était en proie à un embarras pareil : il se souvint d’Alfred Humbert et de Gustave Raimbaud, au déjeuner duquel il avait refusé d’assister, et il les décida à le servir en cette rencontre. ― Les deux jeunes gens marquèrent quelque étonnement de voir engager dans un duel leur ami, qui depuis un an n’avait presque pas quitté sa chambre, et dont ils savaient l’humeur plus pacifique que batailleuse ; mais, lorsqu’il leur eut dit qu’il s’agissait d’un combat à mort pour un motif qui ne devait pas être révélé, ils ne firent plus d’objections et se rendirent à l’hôtel Labinski.

Les conditions furent bientôt réglées. Une pièce d’or jetée en l’air décida de l’arme, les adversaires ayant déclaré que l’épée ou le pistolet leur convenait également. On devait se rendre au bois de Boulogne à six heures du matin dans l’avenue des Poteaux, près de ce toit de chaume soutenu par des piliers rustiques, à cette place libre d’arbres où le sable tassé présente une arène propre à ces sortes de combats.

Lorsque tout fut convenu, il était près de minuit, et Octave se dirigea vers la porte de l’appartement de Prascovie. Le verrou était tiré