Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/145

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sentit pris de pitié pour cette Psyché qui palpitait des ailes, et se demanda si c’était un bienfait de la ramener vers cette vallée de misère. Pendant cette minute d’hésitation, l’âme montait toujours. Se rappelant son rôle, M. Cherbonneau répéta de l’accent le plus impérieux l’irrésistible monosyllabe et fit une passe fulgurante de volonté ; la petite lueur tremblotante était déjà hors du cercle d’attraction, et, traversant la vitre supérieure de la croisée, elle disparut.

Le docteur cessa des efforts qu’il savait superflus et réveilla le comte, qui, en se voyant dans un miroir avec ses traits habituels, poussa un cri de joie, jeta un coup d’œil sur le corps toujours immobile d’Octave comme pour se prouver qu’il était bien définitivement débarrassé de cette enveloppe, et s’élança dehors, après avoir salué de la main de M. Balthazar Cherbonneau.

Quelques instants après, le roulement sourd d’une voiture sous la voûte se fit entendre, et le docteur Balthazar Cherbonneau resta seul face à face avec le cadavre d’Octave de Saville.

« Par la trompe de Ganésa ! s’écria l’élève du brahme d’Éléphanta lorsque le comte fut parti, voilà une fâcheuse affaire ; j’ai ouvert la porte de la cage, l’oiseau s’est envolé, et le voilà déjà hors de la sphère de ce monde, si loin que le sannyâsi Brahma-Logum lui-même ne le rat-