Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/187

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Son monologue intérieur se résuma dans cette phrase, qu’il grommela d’un air irrité :

« Le capitaine du Léopold aurait bien fait de flanquer ce forestiere à la mer » ; et, passant sa main par l’interstice de sa grosse chemise de toile, il toucha le paquet d’amulettes suspendu à son col par un cordon.


IV


Le beau temps ne tarda pas à se rétablir, un vif rayon de soleil sécha en quelques minutes les dernières larmes de l’ondée, et la foule recommença à fourmiller joyeusement sur le quai. Mais Timberio, le portefaix, n’en parut pas moins garder son idée à l’endroit du jeune étranger français, et prudemment il transporta ses pénates hors de la vue des fenêtres de l’hôtel : quelques lazzaroni de sa connaissance lui témoignèrent leur surprise de ce qu’il abandonnait une station excellente pour en choisir une beaucoup moins favorable.

« Je la donne à qui veut la prendre, répondit-il en hochant la tête d’un air mystérieux ; on sait ce qu’on sait. »