Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/230

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de terreur, dévorée vive par ses vêtements incendiés. — Paul avait été très douloureusement ému de ce malheur, dont parlèrent tous les journaux du temps, où l’on pourrait retrouver le nom de la victime, si l’on était curieux de le savoir. Mais son chagrin n’était pas mélangé de remords. Il ne s’attribuait aucune part dans l’accident qu’il déplorait plus que personne.

Maintenant il était persuadé que son obstination à la poursuivre du regard n’avait pas été étrangère à la mort de cette charmante créature. Il se considérait comme son assassin ; il avait horreur de lui-même et aurait voulu n’être jamais né.

À cette prostration succéda une réaction violente ; il se mit à rire d’un rire nerveux, jeta au diable le livre de Valetta et s’écria : « Vraiment je deviens imbécile ou fou ! Il faut que le soleil de Naples m’ait tapé sur la tête. Que diraient mes amis du club s’ils apprenaient que j’ai sérieusement agité dans ma conscience cette belle question — à savoir si je suis ou non jettatore ! »

Paddy frappa discrètement à la porte. — Paul ouvrit, et le groom, formaliste dans son service, lui présenta sur le cuir verni de sa casquette, en s’excusant de ne pas avoir de plateau d’argent, une lettre de la part de miss Alicia.

M. d’Aspremont rompit le cachet et lut ce qui suit :