Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/324

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

à côté d’Octavien sans le voir. Un panier de sparterie pendait à son bras, et il se dirigeait vers le Forum nundinarium ; — c’était un esclave, un Davus quelconque allant au marché ; il n’y avait pas à s’y tromper.

Des bruits de roues se firent entendre, et un char antique, traîné par des bœufs blancs et chargé de légumes, s’engagea dans la rue. À côté de l’attelage marchait un bouvier aux jambes nues et brûlées par le soleil, aux pieds chaussés de sandales, et vêtu d’une espèce de chemise de toile bouffant à la ceinture ; un chapeau de paille conique, rejeté derrière le dos et retenu au col par la mentonnière, laissait voir sa tête d’un type inconnu aujourd’hui, son front bas traversé de dures nodosités, ses cheveux crépus et noirs, son nez droit, ses yeux tranquilles comme ceux de ses bœufs, et son cou d’Hercule campagnard. Il touchait gravement ses bêtes de l’aiguillon, avec une pose de statue à faire tomber Ingres en extase.

Le bouvier aperçut Octavien et parut surpris, mais il continua sa route ; une fois il retourna la tête, ne trouvant pas sans doute d’explication à l’aspect de ce personnage étrange pour lui, mais laissant, dans sa placide stupidité rustique, le mot de l’énigme à de plus habiles.

Des paysans campaniens parurent aussi, poussant devant eux des ânes chargés d’outres de vin, et faisant tinter des sonnettes d’airain ; leur phy-