Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/379

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rues du Caire. Notre jeune homme une fois voulut adresser la parole à son guide ; mais celui-ci, ouvrant sa large bouche meublée de dents aiguës et blanches, lui fit voir que sa langue avait été coupée jusqu’aux racines. Ainsi il lui eût été difficile de commettre des indiscrétions.

Enfin ils arrivèrent dans un endroit de la ville tout à fait désert et que Mahmoud-Ben-Ahmed ne connaissait pas, quoiqu’il fût natif du Caire et qu’il crût en connaître tous les quartiers : le muet s’arrêta devant un mur blanchi à la chaux, où il n’y avait pas apparence de porte. Il compta six pas à partir de l’angle du mur, et chercha avec beaucoup d’attention un ressort sans doute caché dans l’interstice des pierres. L’ayant trouvé, il pressa la détente, une colonne tourna sur elle-même et laissa voir un passage sombre, étroit, où le muet s’engagea, suivi de Mahmoud-Ben-Ahmed. Ils descendirent d’abord plus de cent marches, et suivirent ensuite un corridor obscur d’une longueur interminable. Mahmoud-Ben-Ahmed, en tâtant les murs, reconnut qu’ils étaient de roche vive, sculptés d’hiéroglyphes en creux, et comprit qu’il était dans les couloirs souterrains d’une ancienne nécropole égyptienne, dont on avait profité pour établir cette issue secrète. Au bout du corridor, dans un grand éloignement, scintillaient quelques lueurs de jour bleuâtre. Ce jour passait à travers des dentelles d’une sculpture évidée faisant partie de la