Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/84

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se retira d’un pas tranquille, et les portes se refermèrent sur lui.

On porta dans la voiture Olaf-de Saville évanoui. Lorsqu’il reprit ses sens, il était couché sur un lit qui n’avait pas la forme du sien, dans une chambre où il ne se rappelait pas être jamais entré ; près de lui se tenait un domestique étranger qui lui soulevait la tête et lui faisait respirer un flacon d’éther.

« Monsieur se sent-il mieux ? demanda Jean au comte, qu’il prenait pour son maître.

― Oui, répondit Olaf-de Saville ; ce n’était qu’une faiblesse passagère.

― Puis-je me retirer ou faut-il que je veille, monsieur ?

― Non, laissez-moi seul ; mais, avant de vous retirer, allumez les torchères près de la glace.

― Monsieur n’a pas peur que cette vive clarté ne l’empêche de dormir ?

― Nullement ; d’ailleurs je n’ai pas sommeil encore.

― Je ne me coucherai pas, et si monsieur a besoin de quelque chose, j’accourrai au premier coup de sonnette, » dit Jean, intérieurement alarmé de la pâleur et des traits décomposés du comte.

Lorsque Jean se fut retiré après avoir allumé les bougies, le comte s’élança vers la glace, et, dans le cristal profond et pur où tremblait la