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arcades, ce qui donna à notre héroïne le temps de regarder la maison du cher Fortunio.

Au fond de la cour scintillait, sous un vif rayon de soleil, un bâtiment en pierres blanches cimentées avec une telle précision qu’il semblait fait d’un seul morceau. ― Des niches richement encadrées et occupées par des bustes antiques rompaient seules la plane surface du mur, entièrement dénué de fenêtres. ― Une porte de bronze, sur laquelle palpitait l’ombre d’une tente rayée, occupait le milieu de l’édifice ; ― trois degrés de marbre blanc, côtoyés de deux sphinx, les pattes croisées sous leurs mamelles aiguës, menaient à cette porte.

La voiture s’arrêta sous la tente ; Fortunio descendit, souleva la belle enfant et la posa délicatement sur la dernière marche du perron ; puis il toucha le battant, qui rentra dans le mur et se referma aussitôt qu’ils furent passés.

Ils se trouvèrent alors dans un large corridor éclairé d’en haut ; ― quatre portes s’ouvraient sur ce corridor ; ― il était pavé d’une mosaïque représentant des pigeons perchés sur le bord d’une large coupe et se penchant pour y boire, avec des enroulements, des fleurs et des festons ; la vraie mosaïque de Sosimus de Pergame, que tous les antiquaires croient perdue.

Des piliers de brèche jaune à demi engagés dans le mur supportaient un attique délicatement sculpté, et formaient un cadre à des peintures