Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/18

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comme on remet un livre d’images ou un album plein de croquis à quelqu’un qu’on est obligé de faire attendre. Fortunio, qui sera, s’il vous plaît, le héros de ce roman, est un jeune homme habituellement fort exact, et il faut quelque motif grave qui l’ait empêché et retenu chez lui.

Phébé ressemble à la sœur d’Apollon, à la chasteté près, et c’est pour cela qu’elle en a pris le nom, qui est pour elle un madrigal et une ironie.

Elle est d’un taille haute et souple, et elle a dans son habitude de corps la désinvolture guerrière de la chasseresse antique ; son nez mince, coupé de narines roses et passionnées, se joint à son front presque sans sinuosité ; ses longs sourcils effilés, ses paupières étroites, sa bouche ronde et pure, son menton légèrement relevé, ses cheveux aux ondes crespelées, la font tout à fait ressembler à une médaille grecque.

Elle porte un costume d’une originalité piquante : une robe de brocart d’argent taillée en forme de tunique et retenue aux épaules par de larges camées, des bas de soie de la plus vaporeuse finesse, rosés par la transparence de la chair, et des souliers de satin blanc dont les bandelettes entrelacées simulent on ne peut mieux le cothurne ; un croissant de diamant placé sur des cheveux noirs comme la Nuit, et un collier d’étoiles complètent cette élégante et bizarre parure.