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― Y pensez-vous, Fortunio ? faite comme je suis !

― Nous passerons chez toi, et tu mettras une autre robe. »

Après le dîner, qui ne fut pas moins somptueux que la veille, le charmant couple monta en voiture.

Musidora s’arrêta chez elle et fit une ravissante toilette. Par un caprice d’enfant, elle se mit en blanc des pieds à la tête comme une jeune mariée. L’expression douce et virginale de sa figure, illuminée par une immense félicité intérieure, s’accordait admirablement avec sa parure.

Fortunio, devinant l’intention qui avait présidé au choix de cette toilette, tira d’une petite boîte de maroquin rouge, qu’il avait dans sa poche, un collier de perles parfaitement rondes, des boucles d’oreilles et des bracelets aussi en perles d’un prix inestimable.

« Voici mon présent de noces, madame la marquise. Et il lui accrocha lui-même les pendants d’oreilles, lui posa les bracelets et le collier. ― Maintenant, mon infante, vous êtes au mieux ; et je vous réponds que vingt femmes, ce soir, vont éclater de jalousie dans leur peau comme des marrons qu’on a oublié de fendre. ― Vous allez causer bien des jaunisses, et plus d’un amant, cette nuit, sera traité comme un nègre, par suite de la mauvaise humeur que vous ne pouvez manquer d’exciter dans le camp féminin. »