Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/319

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manie qui lui est commune avec le prince de Condé.

Dès qu’il entend grincer la charnière de la boîte d’or du commandeur, il faut voir comme il se dresse sur ses pattes de derrière et comme il tambourine avec sa queue sur le parquet ; et, si la marquise, enfoncée dans les délices du whist ou du reversi, ne le surveille pas exactement, il saute sur les genoux de l’abbé, qui lui donne trois ou quatre cerises confites. Avec cela, Fanfreluche, qui n’a pas la tête forte, est gris comme un suisse et deux chantres d’église ; il fait les plus drôles zigzags du monde, et devient d’une férocité extraordinaire à l’endroit des mollets un peu absents du chevalier, qui, pour conserver ce qui lui en reste, est obligé de serrer ses jambes sur un fauteuil. Ce n’est plus un petit chien, c’est un petit lion, et il n’y a que la marquise qui puisse en faire quelque chose. Il faut voir les singeries et les mutineries qu’il fait avant de se laisser remettre dans son manchon ou coucher dans sa niche de bois de rose matelassée de satin blanc et garnie de chenille bleue. On ne sait pas combien les incartades de Fanfreluche ont valu de coups de busc et d’éventail sur les doigts à M. l’abbé, son complice.