Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/324

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Sur un guéridon tremble, dans une veilleuse de vieux sèvres, une petite étoile timide, à qui les joyeux rayons du soleil, qui filtrent par l’interstice des rideaux et des volets, ont enlevé sa nocturne auréole ; car l’on croyait que madame rentrerait de bonne heure, au sortir de l’Opéra, et les préparatifs de son coucher avaient été faits comme à l’ordinaire.

Les dessus de portes, en camaïeu lilas tendre, représentent des aventures mythologiques et galantes. Le peintre a mis beaucoup de feu et de volupté dans ces compositions, qui inspireraient, par la manière agréable et leste dont elles sont touchées, des idées amoureuses et riantes à la prude la plus rigide et la plus collet monté.

La tenture, semblable aux rideaux, est retenue par des ganses, des cordes à puits et des nœuds d’argent. Cette tapisserie a l’avantage, par l’extrême fraîcheur de ses teintes, de faire paraître épouvantables et enluminées comme des furies toutes les personnes qui n’ont pas, comme Éliante, un teint à l’épreuve de tout rapprochement. Cette nuance a été malicieusement choisie par la jeune comtesse pour faire enrager deux de ses meilleures amies que l’abus du rouge a rendues jaunes comme des coings, et qu’elle affecte de recevoir toujours dans cette pièce.

Des miroirs avec des cadres rocaille remplissent l’entre-deux des croisées ; il ne saurait y avoir trop de glaces dans la chambre d’une jolie