Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/339

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été mis comme seule condition à son bonheur.

Il avait redouté de passer par tous les ennuis d’une affaire en règle et d’un soupirant avoué, et craint qu’Éliante, pour rendre son triomphe plus éclatant, ne lui fît grâce d’aucune des gradations d’usage que le progrès des lumières a singulièrement simplifiées depuis nos gothiques aïeux, mais qui peuvent bien encore durer huit mortels jours quand la divinité que l’on adore tient à passer pour une femme à grands principes et à grands sentiments.

D’ailleurs, le chevalier de Versac, le rival détesté d’Alcindor pour l’élégance de sa fatuité, le bon goût de ses équipages, la richesse et le nombre de ses montres et de ses tabatières, avait eu madame Éliante avant lui, et même, disait-on, en premier. C’est ce qui avait porté Alcindor à désirer prendre un engagement avec Éliante, et à lui rendre des soins extrêmement marqués. Quoique Éliante l’eût reçu toujours assez favorablement, sa flamme n’avait guère eu la mine d’être couronnée de sitôt, jusqu’à l’espérance, pour ainsi dire positive, que la jeune comtesse lui avait donnée à propos du bichon Fanfreluche.

Une jolie femme pour un joli chien ! cela avait semblé tout d’abord au duc Alcindor un marché très excellent. Rien ne lui avait paru plus aisé que d’avoir Fanfreluche mais au fond rien n’était moins facile. Les pommes d’or du