Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/347

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Neuf, totalement étranger aux belles manières du grand monde, se fût trahi par la gaucherie et l’inexpérience de ses pas.

Alcindor, voulant soutenir avantageusement la concurrence avec Fanfreluche, fit une toilette extraordinaire ; son habit était de toile d’or, doublé de toile d’argent, avec des boutons de diamant, disposés de manière que chaque bouton formât une lettre de son nom ; un jabot de point de Venise valant mille écus, et noblement saupoudré de quelques grains de tabac d’Espagne, s’épanouissait majestueusement sur sa poitrine par l’hiatus d’une veste de velours mordoré ; sa jambe, emprisonnée dans un bas de soie blanc à coin d’or, se faisait remarquer par l’élégante rotondité du mollet et la finesse aristocratique des chevilles. Un soulier à talon rouge comprimait un pied déjà très petit naturellement ; une frêle épée de baleine à fourreau de velours blanc, avec une garde de brillants, la pointe en haut, la poignée en bas, relevait fièrement la basque de son habit. Quant à sa culotte, j’avoue à regret que je n’ai pas pu constater assez sûrement de quelle étoffe elle était faite ; il y a cependant lieu de croire qu’elle était de velours gris de perle ; cependant je ne veux rien affirmer.

Quand Giroflée eut achevé de ramasser avec un couteau d’ivoire la poudre qui était attachée au front de M. le duc, il éprouva un mouve-