Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/50

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aplomb insolent. Héliogabale et Séguin n’éprouvaient pas plus de plaisir à souiller l’or et à le rendre misérable, que cette frêle jeune fille qui a nom Musidora.

Cependant, tout ceci n’empêche pas le lit de l’enfant d’être, comme nous l’avons dit plus haut, de la plus virginale simplicité. Le reste de la chambre est aussi ruineusement simple. ― Les murs sont tendus de satin blanc relevé de torsades roses et argent, ainsi que le plafond ; un tapis blanc, épais comme un gazon, semé de roses que l’on serait tenté de croire naturelles, couvre le parquet de bois des îles ; les portes, coupées dans la tenture avec une si grande précision que l’on a peine à les deviner, ont des serrures et des gardes de cristal d’Irlande admirablement taillé. ― La pendule se compose d’un bloc de jaspe oriental avec un cadran de patine niellé. — Une pendule dont aucun tailleur ne voudrait. — À côté du lit, au lieu de veilleuse, une petite lampe étrusque, de la tournure la plus authentique, en terre rouge, avec de ravissants dessins de chimères ailées et de femmes à leur toilette, pose sur un élégant guéridon. ― Quelques fauteuils, un sofa, pièce indispensable, fait sur le modèle du sofa de Crébillon fils, une table de mosaïque ; voilà tout l’ameublement.

Musidora ouvrit sa petite bouche aussi grande qu’elle put sans parvenir à produire un bâillement bien formidable ; ses dents perlées brillaient