Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/73

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maison, les efforts les moins heureux pour atteindre à la symétrie.

Une girouette de fer-blanc découpé, où l’on voit un chasseur qui tire un coup de fusil à un lièvre, grince à l’angle du toit et couronne dignement la somptuosité de l’édifice.

Le groom abattit le marchepied et frappa à la porte un coup magistral qui faillit l’effondrer.

La portière, effarée de surprise, passa la tête par un carreau cassé qui lui servait de vasistas et de guichet.

La tête de la portière tenait à la fois du mufle, de la hure et du groin ; son nez, d’un cramoisi violent, taillé en forme de bouchon de carafe, était tout diapré d’étincelantes bubelettes ; ces verrues, ornées chacune de trois ou quatre poils blancs, d’une raideur et d’une longueur démesurées, pareils à ceux qui hérissent le museau des hippopotames, donnaient à ce nez l’air d’un goupillon à distribuer l’eau bénite ; ses deux joues, traversées de fibrilles rouges et martelées de plaques jaunes, ne ressemblaient pas mal à deux feuilles de vigne safranées par l’automne et grillées par la gelée ; un petit œil vairon, affreusement écarquillé, tremblotait au fond de son orbite comme une chandelle au fond d’une cave ; une espèce de croc, d’un ivoire douteux, relevait le coin de sa lèvre supérieure en manière de défense de sanglier, et complétait le charme de cette physionomie ; les barbes de son