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CHAPITRE IX


Musidora est couchée sur son sofa.

Un peignoir de gros de Naples rose se plisse négligemment autour de sa taille ; elle a les jambes nues par un raffinement de coquetterie, et porte deux cercles d’or émaillé au-dessus de la cheville. L’effet de ces anneaux est étrange et charmant.

La position de Musidora eût fourni à un peintre le sujet d’un délicieux caprice.

Sa petite tête, roulée dans ses cheveux, repose sur une pile de coussins ; ses pieds mignons sont allongés sur une autre pile de carreaux à peu près au niveau de sa tête, en sorte que son corps décrit un arc voluptueux d’une souplesse et d’une grâce admirables.

Elle tient dans ses mains la lettre de Fortunio, qu’elle regarde depuis un quart d’heure avec la plus grande fixité d’attention, comme si la forme des caractères et la disposition des lignes devaient lui révéler le secret qu’elle poursuit.