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Sonnet II.


Ne vous détournez pas, car ce n’est point d’amour
Que je veux vous parler ; que le passé, madame,
Soit pour nous comme un songe envolé sans retour,
Oubliez une erreur que moi-même je blâme.

Mais vous êtes si belle, et sous le noir contour
De vos sourcils arqués luit un regard de flamme
Si perçant, qu’on ne peut vous avoir vue un jour
Sans porter à jamais votre image en son ame.

Moi, mes traits soucieux sont couverts de pâleur,
Car dès mes premiers ans souffrant et solitaire,
Dans mon cœur je nourris une pensée austère,

Et mon front avant l’âge a perdu cette fleur
Qui s’entrouve vermeille au printemps de la vie,
Et qui ne revient plus alors qu’elle est ravie.

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