Page:Gautier - Aventures du baron de Münchhausen.pdf/147

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
127
aventures du baron de münchhausen.

vous blesser ; mais je crois qu’il est impossible de trouver de meilleur tokay : je tiens cette unique bouteille d’un seigneur hongrois qui en faisait le plus grand cas.

— Plaisanteries que tout cela, monseigneur ! Il y a tokay et tokay ! Messieurs les Hongrois d’ailleurs ne brillent pas par la générosité. Combien pariez-vous que d’ici à une heure je vous procure une bouteille de tokay, tirée de la cave impériale de Vienne, et qui aura une tout autre figure que celle-ci ?

— Münchhausen, je crois que vous extravaguez.

— Je n’extravague point : dans une heure je vous apporte une bouteille de tokay prise dans la cave des empereurs d’Autriche, et d’un tout autre numéro que cette piquette-là.

— Münchhausen ! Münchhausen ! vous voulez vous moquer de moi, cela ne me plaît point. Je vous ai toujours connu pour un homme raisonnable et véridique, mais vraiment je suis tenté de croire que vous battez la campagne.

— Eh bien ! que Votre Hautesse accepte le pari. Si je ne remplis mon engagement, — et vous savez que je suis ennemi juré des hâbleries, — Votre Hautesse sera libre de me faire couper la tête : et ma tête n’est pas une citrouille ! Voilà mon enjeu, quel est le vôtre ?