Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/194

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retenu son chameau par la bride et cinquante témoins lui ont juré que le village portait un autre nom. Ce fut là, pour les Islamites, le premier faux témoignage. Quel carnage, pendant cette journée du chameau où la Prophétesse fut vaincue par Aly ! Pour la punir, il voulait d’abord prononcer, entre elle et Mahomet, un divorce posthume ; puis il lui a pardonné.

Maintenant tout est paisible, en apparence : tous se sont courbés sous le pouvoir du maître intègre et austère.

Aly n’a rien changé à la simplicité de sa vie. Il est dans un palais ; mais il considère que c’est le palais de l’État et non le sien.

Aujourd’hui il préside son diwân et, en dépit de mortels pressentiments qui assiègent son âme, il montre aux conseillers un visage calme, et il est scrupuleusement attentif.

La salle est éclairée par des lampes suspendues aux voûtes, car il fait sombre déjà, malgré l’heure peu avancée ; le mois de Rhamadan tombe, cette année-là, en hiver.